Notre alimentation

Aujourd'hui, lorsque nous parlons d'alimentation, nous pensons trop souvent à sa fonction nutritive purement physiologique. Certes, les aliments nous apportent des nutriments qui nous permettent de vivre, mais à force de trop croire en cette réalité, ne serions-nous pas passés à côté d'autres fonctions essentielles de l'alimentation : des fonctions culturelles, sociales, symboliques et identitaires.

L'appartenance à une culture, ne se fait-elle pas, en autre, par l'adoption de la cuisine de son pays, de sa région, ou de sa famille ?
Quant au rôle social de l'alimentation, il est incontournable. Il n'existe pas de grands événements sans le partage d'une nourriture. D'ailleurs, pourquoi hiérarchiser les grandes et les petites occasions ? Les repas familiaux quotidiens ne sont-ils pas également des grandes occasions pour découvrir des saveurs, des goûts, partager des idées, transmettre des valeurs, des règles sociales comme le respect ou la politesse ?
Depuis la nuit des temps, l'homme a su trouver un équilibre stable qui lui permet d'équilibrer en quantité et en qualité son alimentation et cela bien avant qu'apparaissent les notions de diététique. Cet équilibre s'exprime par l'intermédiaire de sensations et d'appétits spécifiques.
La faim et la satiété sont des sensations qui nous renseignent sur les quantités d'aliments que l'on doit manger afin de couvrir nos besoins énergétiques.
Les appétits spécifiques permettent d'orienter nos envies alimentaires afin de couvrir l'ensemble de nos besoins tels que les vitamines, les minéraux…

Ces systèmes d'autorégulation sont d'une extrême précision. Ils sont contrôlés par des facteurs physiologiques, culturels et psychologiques.

Les facteurs physiologiques dépendent de systèmes très complexes s'exprimant au travers des sensations de faim et de satiété dont nous avons parlé.

Les facteurs culturels sont représentés par la cuisine, c'est-à-dire les recettes familiales. Lors des repas, le partage de cette nourriture gustative et symbolique permet aux convives de prendre du plaisir. Ce plaisir est un des facteurs de régulation psychologique. L'ensemble de ces facteurs nous permet de manger selon un mode instinctif et intuitif.

Aujourd'hui, une nouvelle problématique apparaît ; nous sommes contraints de faire des choix face à l'abondance alimentaire et aux recommandations nutritionnelles. Attention, si nous ne faisons pas les bons choix, la sanction guette : maladies cardio-vasculaires, obésité, diabète.

Ces choix sont difficiles à faire car chacun propose ses conseils, nous progressons dans une cacophonie médiatique qui provoque l'ambivalence. Le résultat, lui, est universel : il crée la culpabilité du mangeur qui aura forcément fait, à un moment ou à un autre, le mauvais choix.

Cette culpabilité assortie d'une inévitable frustration peut entraîner un dérèglement de nos capacités d'autorégulation. Nous en venons à manger selon un mode cognitif qui nous oblige à avoir une réflexion systématique, préalable à toute ingestion.

Pour sortir de cette spirale, il peut être nécessaire de comprendre le fonctionnement global de notre comportement alimentaire. Quels sont les rouages qui guident inconsciemment nos choix alimentaires ?

Une analyse critique de ces systèmes permet de réhabiliter des notions essentielles comme le plaisir de manger, la convivialité et le goût. C'est le plaisir et les sensations positives associées qui sont, entre autres, garantes d'une bonne autorégulation.